mardi 30 octobre 2012

TOUT CELA, C'EST TAHITI !





          Rappelons que tout Tahiti gratte, gratte ... Jusqu'à l'écorchure !

           Et l'on invente encore de nouveaux jeux de cartes à gratter ... Le dernier a pour nom le "Joker".

           Le Loto se porte bien, merci.

            Moorea construit un delphinarium, malgré les cris (assez faibles au demeurant )des bien-disant.

             - " Tahiti Millionnaire " !

          Et la bière ? ... ça coule ! ça coule !

           Le "H" ? ça pousse, ça pousse ! Ici, on l'appelle le pakalolo.

           Les tripots ?- ça tripote !

- " Comment va le Roi ? - Il va, il va ... Il est allé accueillir trois yachts de luxe qui viennent d'arriver ...

                                  *

    Les petits Tetuanui attendent les retombées économiques ... On parle d'une "ére nouvelle".



                                                                                        Fleurs du Tiare apetahi                                   

      - "Le grand Luxe, vous dis-je ..."

    Vous pouvez, si le coeur vous en dit, louer l'un de ces yachts pour un million de francs la journée ... Un million de francs Pacifique, bien entendu, soit cinquante cinq mille francs français ... C'est à dire, pour une seule journée, environ quinze mois de salaires d'un petit Tetuanui ... 

   Ces bateaux battent pavillon britannique, mais cela ne veut pas dire grand'chose ... Tout ce qu'on a dit, c'est qu'ils appartiennent à ... des particuliers. 

    -" Mais pourquoi le Roi est-il allé les accueillir, en quelque sorte " Au nom du Peuple Tahitien" ? 

    - "Il fait des voeux pour qu'il y ait "des miettes à ramasser".

   - "Mauvaise langue " !

     Y aurait-il quelque part dans le monde quelque chose qui effraie les propriétaires de bateaux de luxe ? ... Rumeurs d' "opérations mains-propres" ...Ou bien risques de guerres ou de révolutions ? ... Quelque odeur de cocaine encore ?

      À propos ... ( Mais pourquoi disions-nous "à propos ?) ... Ce pauvre Monsieur Wong ... Vous avez entendu dire ? ... Sa villa, sur les hauteurs de Los Angelès ... Elle aurait été très abîmée par le dernier tremblement de terre ... Sa piscine aurait été fendue ...

LE DIT D'UNE CASSANDRE TAHITIENNE






           Ayant perdu, et l'on commence à penser que c'est pour toujours ... Ayant perdu la manne que constituaient les retombées du Centre d'Expérimentation atomique, ce pays quoi imaginer pour étancher son besoin de devises ...

            C'est que l'on ne se résoud pas aisément à redescendre la gamme, quand on a pris l'habitude des grosses voitures !

             On se met en quête de nouveaux paradis, qui ne seraient plus seulement de fleurs, de fruits, de fougères et d'oiseaux ...

                                  *

             En ce moment, les édiles semblent rêver aux épopées anciennes des Caraïbes ou de certaines cités d'Amérique Latine. 

              On souhaiterait que ces édiles n'oublient pas que les pluies de dollars à La Havane se sont résolues en nuits d'orages et en longs purgatoires.
Il en fut de même aux pays de l'argent et de l'étain ...

                                   *

             Il est des signes qui inquiètent, annonciateurs de ces sociétés à deux vitesses qui ne survivent que par la trique et le "Tontons Macoutes". 

             À Tahiti, on ne fouille pas encore dans les poubelles ... Elles débordent sur les trottoirs pourtant ! ... ( Il paraît que ces "débordements " sont dus à des jeux de haute finance ...)

               Il n'y aurait là qu'anecdote, si ce n'était affaire de durée. Mais d'autres signes sont plus inquiétants. On ne les discerne pas tous encore, mais on peut en énumérer quelques-uns ...





                                   

             En ce moment, nous apprend le journal local, un navire fend les flots, quelque part , ayant équipage de "bandits-manchots" à destination de Tahiti !

              Vous savez bien : Des machines à sous !

           On discute aussi d'une exonération de droits de douane pour l'importation de chevaux de course : Des trotteurs qui devraient "renforcer l'attrait des réunions sportives" ! ... Les guichets de l'hippodrome de Pirae seront informatisés ... On implantera le P.M.U. ... Vous pourrez, de Tahiti, jouer aux courses à Longchamp ! 

              --- C'est pas la Civilisation, ça ?

SUR LA ROUTE DE PAPEARI









               Cheveux et barbe hirsutes, sous un casque   kaki de soldat américain ... 

          Échappé de quelque taverne à bière ...
          Puissant torse de barrique.


                               *


          Entre le ventre du pilote et le tablier du scooter, un grand chien jaune est assis. Sur la droite, il penche une tête aux yeux tristes. Sur la gauche, sa queue traîne sur l'asphalte ... 

           À soixante kilomètres à l'heure.

lundi 29 octobre 2012

LES TORTUES DES GALAPAGOS ...









          Soixante deux ans, dans un enclos de soixante mètres carrés !

          Même pour une tortue des Galapagos, il y a de quoi perdre la tête !

                                     *

          C'est un vieux mâle. Sa carapace est usée, taraudée, creusée. Il est arrivé dans le pays en mille neuf cent trente deux, sur le pont d'un bateau, apporté à titre de curiosité ou bien rescapé d'un "garde manger". (On embarquait des tortues vivantes pour conserver de la viande fraîche ...)

          La solitude ? - Il en a pris depuis longtemps son parti. Le célibat ne le dérange guère ...

           Croyez-vous ?
           Croyez-vous ?

           Il fait des grâces quand on grimpe sur son dos pour la photographie ... Mais les grâces d'un mâle de tortue des Galapagos !

                                      *


                                       

           Nous nous promenions au jardin botanique ... T'en souviens-tu ? ... Une très chaude matinée de Janvier.

            Des meuglements ... Tels ceux d'une vache, d'une vache un peu asthmatique ... Cela nous surprit. Il nous fallut un certain temps pour réaliser. 
            Soixante deux ans de célibat dans un enclos de soixante mètres carrés !

                                     *

         On avait offert une femelle au mâle des Galapagos ...

          Si, si ... Le mâle grimpe sur la femelle ! Couinements, grincements, carapace contre carapace ... La femelle a rentré la tête; le mâle étire le cou et meugle.

         Mais ... Il a perdu la boussole ! ... Soixante deux ans ... Que voulez-vous ? - Pour l'instant, il s'est orienté à l'est : c'est vers le Sud qu'il faudrait se tourner ... Sur le côté, rien à faire !

                                    *

        -" Tu as vu dans le journal ? Sur la photo ... Le mâle des Galapagos ... Il n'a pas encore trouvé le Sud ! ... Il est plein Nord !

         Mon Dieu, mon Dieu ... Que c'est malhabile et grotesque, les tortues des Galapagos !

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UNE DAME SUR LA PLAGE ...














                   Sur la plage, une dame américaine ...


          Lèvres dessinées couleur de framboise écrasée ...

          Sur le front, une visière transparente de même couleur, exactement ... Comme un second sourire, plus large que le premier.


         ... Le maillot de bain aussi, a la couleur des framboises ...

dimanche 28 octobre 2012

VENTE AUX ENCHÈRES




          Samedi matin, vingt neuf Janvier, à neuf

 heures, il sera procédé par Maître Léontieff,

 Commissaire Priseur, à la vente aux enchères

 publiques et au plus offrant, d'une voiture 

particulière de marque ROLLS-ROYCE et de type 

                 SILVER-SHADOW.


                      Frais en sus


- " Et tu n'as pas peur de brûler trop d'essence ?

- "Oh non ! - Tu sais, je ne m'en servirai que le dimanche, pour faire le tour de l'île avec ma famille ..."

                                    *

 - Adjugé ... Vendu ! Au prix de cinq cent mille francs C.P., Monsieur Tetuanui vient d'acheter la ROLLS.

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DES FRUITS




         À la mi-janvier roulent des nuages noirs. Une vapeur chaude s'installe dans la ville. 

       Au récif, l'océan brode un ourlet plus blanc et plus large. 

       Les mangues mûres, dans leur gaine de cuir, pendent sous les feuilles.

       La dernière averse, le dernier coup de vent, ont fait rouler les fruits par centaines, éclatés au bas des talus.

       Dans les rues, à côté des vieilles maisons de bois des faubourgs, flotte une odeur aigrelette, comme un parfum de compotes et de ferments.

        On cueille les fruits avec de longues perches. Ils seront vendus sur les étals, devant les portes, au petit matin. 

                                       

        Les enfants préfèrent les manger verts encore, après les avoir trempés dans l'eau salée. Ils les mangent en prenant leur bain ...

LE DELPHINARIUM DE MOOREA




       Et dieu créa la femme ...  Ayant contemplé son ouvrage, il vit que cela était bon. On en était au septième jour ... Il décida de prendre du repos. 

            - " C'est pas fini !" 

        Brigitte Bardot créa sa fondation. Le Bon Dieu, qui n'était encore qu'assoupi, ouvrit un oeil, se redressa sur un coude et vit que cela aussi était bon ...

       Dans les airs volaient les oiseaux. Sur la terre couraient des animaux de toutes sortes. Dans les eaux nageaient les poissons .... Brigitte veillait sur l'ensemble.

                                   *

        De nos jours, la Polynésie est bien loin d'être sans reproches. On allait bien le lui dire !

        Vers Noël de cette année, Brigitte fit connaître sa désapprobation totale au "Mariage de la Perle et de le Fourrure" ... C'était le thème d'une soirée de gala à l'hôtel Beachcomber : On présenterait des perles et des visons. Les perles, passe encore, mais les visons ! ... d'autant que la température étant ce qu'elle est à Tahiti ... Bef, nul n'ignore plus  le martyre des animaux à fourrure ...

                                    *

         Voici que, cette fois, la fondation Brigitte Bardot intervient pour la protection des dauphins.

         Lettre au Ministre des T.O.M.-D.O.M., lettre au Président du territoire ... 

         Il faut dire qu'un Américain ... (Et pourtant, Dieu sait s'ils peuvent être donneurs de leçons, ceux-là ! ) Un Américain fait construire un delphinarium à Moorea, les touristes étant, paraît-il, friands des caresses delphinoises.

          Les cétacés devaient être capturés en Nouvelle Calédonie. 
          La Nouvelle Calédonie a vite fait savoir qu'il n'en était pas question !
          On les prendra donc dans les Tuamotu ...

          Bien entendu ... Histoire de gros sous !
                                   *

       Et pendant ce temps-là, l'Office des Postes et Télécommunications de la Polynésie Française émet une série philatélique sur le thème  ... De la protection des mammifères marins, ( Dont le dauphin à long bec "sternelle longirostris") !

          Le Président du territoire est voué aux gémonies par notre Brigitte Nationale ...

       -" Et Dieu créa la femme ... Ah ! La ! La! ...         Qu'est-ce qu'il avait fait là ?

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samedi 27 octobre 2012

LES CROISIÈRES




     Il était une fois, (C'est la vérité vraie !) ... Il était une fois un grand bateau blanc, tout blanc. Il battait pavillon des États Unis d'Amérique. Il s'appelait la Mariposa. Il faisait dans les îles des croisières régulières. Le vent, dans les pertuis, en siffle encore les légendes ...

                                 *

   Les croisiéristes américains sont souvent des personnes âgées. Parmi eux, les femmes sont plus nombreuses que les hommes ... C'est un simple effet des lois de la nature, puisque l'espérance de vie n'est pas tout à fait la même pour les deux sexes. 

    Ce grand bateau blanc, on l'avait surnommé la "Ménoposa" ! 

    Les veuves américaines portent souvent chapeau, short et souliers plats. Elles se déplacent par petits groupes de trois ou quatre ... Elles ont la peau très blanche et de la cellulite sur les cuisses. Elles dégustent des "ice-cream" ... Quant elles sont suivies d'un homme, celui-ci est souvent grand et sec, du type d'Abraham Lincoln. Il porte les caméras en bandoulière ... 

    - " Tu n'as pas de chance aujourd'hui, disais-je au barman. Regarde ... Le bateau ne t'amène que des vieilles !"

    - " Tu n'y connais rien ... Ce sont celles qui paient le mieux ! "

                                  *

     On raconte encore ... Et l'on en rit, bien sûr !

       - " Tu te souviens ? - Le jour où la Mariposa, quittant Tahiti, a dû stopper dans la passe pour débarquer trois soldats de la Légion Étrangère qui s'étaient oubliés dans les cabines ! "

                                  *

       Plus tard, il y eut le "LIBERTY", autre gros bateau blanc ... Il y a maintenant le "WING SONG", paquebot à voiles de la dernière génération. Il appareille tous les samedis soirs et il revient tous les vendredis. Bien éclairées, en pleine nuit, les voiles blanches donnent à ce bateau un chic sans pareil !

      Au temps de la "MARIPOSA", on disait déjà que les veuves embarquaient grâce à la prime d'assurance-vie de leur défunt époux. Il semble que cela reste vrai : La croisière coûte cher !

                                  *


                                   

    Les touristes contribuent à l'économie du pays par les dépenses qu'ils y font pour leurs loisirs ... cela ne les empêche pas de demeurer lucides :

    - "J'abrège mon séjour ... Je rentre au pays pour y dépenser le reste de mon argent : Tout est hors de prix ici !" 

     Combien rapportait au pays ce groupe de cinq personnes, aperçu l'autre jour au restaurant de Papara, au jardin botanique ?
      Chacun mangeait avec application, le petit doigt levé en maniant la fourchette et le couteau ... Un vulgaire sandwich au jambon et à la laitue ... Les touristes sont toujours attendrissants !

ON A CLÔTURÉ LA MER !



"Une île est une terre entourée d'eau de tous côtés". 

     Et je sens monter en moi une rancoeur à couleur de béton, de planches imbibées de coaltar tête de nègre ... La rancoeur au ronflement des moteurs, au crissement des pneus-"grands-pieds" sur l'asphalte à toute vitesse ... La rancoeur des heures vides. 

      On m'a volé la mer !

    Ô, ces minutes qui étaient des éternités ! Bleus envahissants, omniprésents, qui battaient à la mesure de mon sang ... 
Un présent perpétuel ! Odeurs d'iode et de sel, et le temps, étendu à plat devant moi, infini.

     Froissement continu de la vague au récif ... Le palmier fait chanter ses palmes. 

      Rancoeur, comme nausée ... On a dressé des planches ... On a aligné des parpaings les uns sur les autres : On a clôturé la mer !

       Le tour de l'île, tout entier, sans presque apercevoir la mer !  - Allons à la Pointe Vénus ... Baie de Matavaï, si belle dans sa robe de sable noir ... Mais tout un peuple s'y agglutine !

          De là vient ma rancoeur : Sur cette île, qui se nomme Tahiti, On a juste réussi à préserver ... Deux ou trois accès à la mer ! - Ce qui veut dire que partout ailleurs, clôtures et propriétés privées vous maintiennent en-deça ! J'exagère à peine !

        Allons sur la plage de l'hôtel Beachcomber ... Pour y accéder, il faut payer une cotisation annuelle ... Et c'est très cher !

         À Paea, c'est la honte : Il y avait là-bas une plage de sable blanc. Il faudrait vérifier si elle existe encore ... Mais je sais ce qui m'attend : Il faudrait m'engager dans un boyau long et étroit, entre un mur très haut, très laid et une clôture de fils de fer barbelés ... Boyau juste assez large pour moi, à condition que je marche en crabe ... Au risque d'y laisser un pan de ma chemise !

                 -" ACCÈS PUBLIC À LA MER "

           Non, je n'irai pas à Paea ! Menez les enfants à la piscine, ou encore à la garderie ... Au bord de la plage d'Arué, les 4/4 feront crisser leurs pneus ! Il faut aller ailleurs.

vendredi 26 octobre 2012

LES VOILEUX






        Un certain Breton ... (ce que nous en savons n'est que fort peu de choses ...) Un Breton, donc, servait sous l'habit d'un gendarme, dans quelque bourgade de province.

     Il avait souvenir de vanille, ayant servi, naguère, dans une île lointaine ... 
     Une coque de voilier dormait, inachevée, sur le quai d'un port. Il s'en trouve parfois ... Il l'achète.

      Son épouse et lui  achèvent le gréement et réalisent le vaigrage. Les voici à Tahiti. Nous ignorons les péripéties du voyage : Ils n'avaient encore jamais navigué, je crois. 

          Après la traversée, le bateau est intact. Ils sont là.

                                   *

        Passent quelques années ... Quatre ? ... Cinq ? ... On a fait quelques croisières vers des archipels éloignés. Mais tout passe et tout lasse.

         Aujourd'hui, notre Breton lave sa voiture sur le quai ...

           - " Elle est là ?"

           - " Sans doute ... Je ne sais pas !"

        En fait, la Bretonne est dans le cockpit, s'affairant à faire du ménage ... Tourne le tambour d'une machine à laver, calée contre la barre à roue.

              Quand passe le ferry de Moorea, des algues s'agitent à la ligne de flottaison .... C'est un grand voilier : deux mâts, trois cabines.

                                    

            - " Pourquoi ne le rentabilisez-vous pas ? - Vos voisins offrent des charters à la journée ..."

             - " Des étrangers chez moi ! Jamais !"

                                    *

         Depuis des mois, le bateau n'a pas bougé. Il est amarré devant l'immeuble de la poste, (C'est pratique pour le courrier ...) Nous sommes au bord de la voie à grande vitesse, parcourue par un flot ininterrompu de voitures ...

            Certes, c'est un grand voilier ... Mais, au total, cela fait assez peu de surface de plancher, pour un Breton et une Bretonne qui ne peuvent plus se supporter l'un l'autre ... Or le couple en est là : Parole acerbe et rare. Quelle suite imaginer ?

... Un autre, un jour, cloua la porte dans le couloir de son appartement ... Mais sur un bateau ?


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OU ALLONS-NOUS-LE PROGRÈS ?





  


Ce sont les paréos qui sont tous partis ! ...

J'étais bien décidé à éviter 
                    toute forme de lyrisme ... 
Et j'étais bien décidé 
                    à ne parler de la Polynésie 
qu'au présent ... 
Et puis ... Va donc ! ... 
Tu fais le tour de l'île 
et c'est tout le passé qui revient !

Quelque chose dans le paysage ... 
Quelque chose qui n'allait pas. 
Nous avons cherché 
                pendant longtemps !

 - " Il y a moins d'hibiscus ... 
c'est vrai qu'il y a moins d'hibiscus : 
Ils ont tous été malades." 
                                
                              

 - " Les abords des maisons 
                    sont moins soignés ... 
C'est vrai aussi : 
On ne peut pas 
       fonctionnariser tout le monde 
                             et conserver 
des pelouses bichonnées." 

- " Les maisons de bois 
                    sont devenues rares. 
C'est vrai encore : 
La moindre case, autrefois, 
                          éclatait de 
couleurs vives, 
en corolle sous les cocotiers ! 
Actuellement, ce pays 
                    manque de peinture !"
                                 *
           Mais ce n'est pas cela  ... 
           Ce n'est pas encore cela !

 - " Ce sont les paréos 
                          qui ont disparu !

                                 

Entendons-nous : 
             Les filles portent encore 
le paréo 
dès qu'elles ont quitté leur bureau 
                  Paréos rouges, bleus, 
rouge et bleu, jaune et blanc ...

                                 *


 - " J'y suis ! C'est vrai ! 
                       Tu as raison ! ...

Les paréos, naguère, 
                  flottaient aux portes 
et aux fenêtres ... 
Que l'on ne fermait jamais ! 
Le vent soulevait ces rideaux. 
On apercevait 
          à l'intérieur de la maison 
une table basse, 
      offerte au regard des passants 
 Autel marquant l'accueil, 
décoré de fleurs 
et de coquillages : 
porcelaines, tritons 
                et "sept doigts". 

 On vivait peu dans la maison, 
mais plutôt dans son ombre, 
accroupi sous l'avancée du toit 
qui fournissait l'ombrage ... 
Accroupi 
sur une sorte d'estrade basse 
où s'accumulaient les coussins. 

                            

Aujourd'hui, fenêtres et portes 
                       sont fermées : 
C'est cela qui a changé !
... À moins que ce ne soit 
le signe que tout a changé !

                                  *

jeudi 25 octobre 2012

À TAHITI, LE PROGRÈS



            Un journaliste de passage demandait :

        - "Vous qui revenez dans ce pays après une                longue absence, que trouvez-vous de changé ?"

        - " Au point de vue économique, tout a changé ... Voyez-vous, il y a vingt-cinq ans, dans n'importe quel petit restaurant au bord de la mer, on vous présentait un buffet digne de Gargantua : Libre-service ... Hors d'oeuvres à volonté, cochon de lait rôti tout entier, thons énormes cuits au four polynésien ... Les légumes et les bananes sortaient également du four, enveloppés de feuilles. Il y avait des fruits à satiété : Mangues, ananas, pommes-cythère à la saison ... On buvait l'eau des noix de coco ou bien celle de la fontaine ...

      - Alors ... Ce qui a changé ... Tenez, hier c'était Noël. Nous sommes allés souper dans une "Auberge", à Punauïa ... À  table, on était servi. Il y avait des bougies qui brûlaient dans des photophores rouges. Il y avait quatre serveurs au moins. Il y avait une fille qui prenait bien garde à montrer ses jambes ... Superbes au demeurant !



                                    

       Le patron est venu nous saluer à la sortie. Il portait une blouse blanche avec son nom brodé en rouge sur la poitrine. Il est membre de la "Confrérie des Maîtres-Cuisiniers".

       Je m'étais ennuyé. On nous avait servi avec force grâces un Bordeaux madérisé. Nous avions eu droit à une lichette de foie gras mi-cuit, à vingt grammes de saumon accompagnés d'un petit goujon en pâte feuilletée et d'un petit truc aux groseilles ... Gros comme l'ongle de mon pouce ! On nous avait apporté deux rondelles d' "échine de biche" sur canapés ... Quinze grammes en tout ... Mais la cuillerée de sauce était délicieuse !

       Je crois que le maître d'hôtel n'a pas très bien compris, lorsque je lui ai dit :

            - " Tout ce que vous nous avez fait goûter était délicieux : Vous pouvez commencer à servir." 

        Accompagnant la venaison, il y avait deux cuillerées de pommes de terre ... Venait ensuite le chariot de fromages ... Mais c'était le maître d'hôtel qui servait !  ... Bavaroise rosée ... "Café des îles", accompagné de ses mignardises" ... Un chocolat gros comme la moitié d'une cerise et un petit bout d'écorce d'orange confite. 

       -" Au revoir, Messieurs-Dames ... J'espère que le dîner vous a plu ... "

       - " Mais je suis confus : Vous auriez dû me dire que le vin n'était pas parfait ... "

                               *

     Allons ... C'était Noël ... Nous avons assuré que nous étions malgré tout très satisfaits ... 

                               *

 Eh bien, voyez-vous ... Au point de vue économique, ce pays a beaucoup changé : Si vous saviez combien j'ai payé !


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mercredi 24 octobre 2012

DES PLAIES À PANSER





               Orofara existe-t-il encore ? - C'était le village des lépreux, à quelques kilomètres de Papeete ... 

           Y a-t-il encore des lépreux dans ce pays ?

                                     *

            Cet homme, que nous recontrâmes l'autre matin au marché aux fleurs ... Ce n'était pas un lépreux : Il souffrait d'un "mariri", c'est à dire qu'il était atteint d'éléphantiasisme. 

              De son nom véritable, cette maladie s'appelle la filariose. Elle est causée par des filaires, qui sont des vers parasites dont les larves sont véhiculées par les moustiques. Un bras, une jambe, les parties sexuelles ... Voilà les organes principalement atteints. 

              Pouvez-vous imaginer un éléphantiasis ?

             L'homme que nous avons rencontré au marché aux fleurs traînait véritablement une "patte d'éléphant" ! Il avait été obligé de fendre la jambière de son pantalon pourtant déjà large ... Énorme ! Verruqueux ! Bubonneux ! Violacé ! ... C'est à un vieux tronc d'arbre que l'on pense ... Vous ne pouvez pas imaginer ! Il traînait cette énormité qui était enveloppée de chiffons à l'endroit où l'on aurait dû identifier le pied ... 

           Comment imaginer le malade ... Je le vis un jour sur une photographie jaunie ... Comment imaginer le malade qui portait ... ses testicules dans une brouette !

                                 

        Nous allions au marché aux fleurs, n'est-ce pas ? ... C'est là que nous avons rencontré l'homme au "mariri" ...
                                  *
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NOËL À TAHITI





             Les journaux de décembre sont remplis de pères Noël ... Et de Reines de Beauté !

              Il est vrai que, sans doute, ces personnages relèvent du même ordre, pour le commun des mortels ...

              Il y a de jolies filles dans ce pays, comme ailleurs. Ces concours des grâces cependant, me laissent songeur ...

                                   *

             Certains y sont très assidus : Un Président et plusieurs Ministres , naguère, y trouvèrent chaussure à leur pied. 

             Beaucoup de filles des îles ne rêvent qu'épousailles et, souvent, départ sous d'autres cieux.

                                    *

              - " Ah ! disait la caissière du supermarché, je suis "fiu" de Tahiti ... (Traduisez : "Je suis lasse"). J'ai envie de partir en Bretagne !"

              - " En Bretagne ! - Tu te vois dans un imperméable, sous la pluie ?"

              - " Ou alors en Suisse ... J'y ai de la famille ..."

                                       *

             Étonnez-vous que les épouses des fonctionnaires européens montent une garde si vigilante ! ... 

Quant aux européens célibataires ... Ils sont bons pour acheter le fameux imperméable !

Pour d'autres textes cliquer sur le mot écrit en rouge.

UNE RENCONTRE



         Il y a des choses que l'on voudrait dire avec beaucoup de simplicité, parce qu'elles sont pures.

          Rester vraiment simple ? - Autant dire, sans doute, qu'il vaudrait mieux se taire, conservant ainsi à l'émotion tout son goût. Mais le besoin de dire ... Et plus encore, lorsqu'il s'agit d'écrire ...

          Nous ne nous étions pas rencontrés depuis sept ans ... Comment dire ?

          Entre nous les relations avaient toujours été courtoises, réservées un peu ... Comme il se doit quand on travaille ensemble ... Elles étaient faites de respect mutuel, d'estime et de sympathie ... Est-ce bien cela ?

           Un Polynésien authentique, aux yeux remplis de lumière ... Le voici au bas de l'escalier, tout à fait inattendu ...

            - " Bonjour. Comment vas-tu ? "

        Ce tutoiement ... Jusqu'à l'extrémité de mon âme.

         À Tahiti, je le sais bien, le tutoiement est d'usage ... Mais celui-ci est neuf, à nul autre pareil : Affirmation d'une admission ...

           - Ai-je été assez simple, dans ma façon de dire ?

                                    *
          

mardi 23 octobre 2012

UN CERTAIN SOURIRE ...



                   La Tahitienne métissée de Chinois est souvent très belle. Fille sinueuse, elle moule son corps dans une robe-étui qui lui est une seconde peau, tout en ne laissant pas ignorer l'or de la sienne propre. Pas un cheveu ne dépasse le casque d'ébène. Ses yeux de biche sont surlignés de noir. 

          Celle-là, pourtant, avait plutôt le teint terreux et le poil raide ... Debout, elle flottait dans un short trop large et trop long. Son torse était vêtu d'un tricot de coton blanc. 

          L'agence de voyage avait des vitrines ornées de fleurs et ... de belles promesses.

          Derrière un comptoir, la fille éternuait ...

          Nous entrâmes ... Elle enfouit son nez dans un petit mouchoir.


    - " S'il vous plaît ... Nous voudrions des renseignements pour un voyage au Chili ..."

                                 *

         C'était un samedi matin. Elle était seule :

           - "Voilà un dépliant."

           - " Mais Mademoiselle, je connais déjà ce dépliant ... Je voudrais ..."

           - " Tout est dans le dépliant !"
                            
                                *

                                  

    Nous sommes sortis en saluant très obligeamment ... La fille n'éternuait plus ... Je crois bien qu'elle jasait déjà au téléphone !

dimanche 21 octobre 2012

LES MOAÏ, CES GRANDS HOMMES DE PIERRE




Île de Pâques





                    Le Moaï est l'intermédiaire, le lien entre l'homme et le principe de l'univers ... 

             Pour les Pascuans, tout acte est sacré et relie l'homme au reste de l'univers :



             La naissance, la mort ...

                               *

             Manger, c'est manger l'univers ...

            Le Moaï a des yeux pour voir ... Mais, chaque année, au mois de mars, le prêtre lui enlève les yeux pour une période de six mois ...

                         Afin qu'il se repose et réfléchisse.

                                      

                     
                                *