jeudi 1 novembre 2012

L'ATOLL DES TUAMOTU




    C'était hier ... Ou bien avant ? ... il y a une tache claire, parmi les bois vieillis, au milieu du wharf : Le père a remplacé une planche pourrie. On la peindra un de ces jours ...

     Les pieds dans l'eau verte, une fillette écaille des poissons : On mangera tôt.

     L'idiot est accroupi sous l'auvent. Il se balance d'arrière en avant. Il garde les yeux mi-clos. On croirait qu'il chantonne. Un filet de salive s'étire sous sa lèvre ... Avant, arrière ... Les doigts remuent sans cesse, plissant et déplissant le coton du pareo. 

     À cette heure, le lagon est comme un plat d'argent. On le regarde de côté, pour ne pas se brûler les yeux. 

      La nuit viendra d'un seul coup, comme est venu le matin ... Le matin, les coqs chantent ; le soir, les chiens aboient ... 

       Quand la lumière est forte, on cligne des yeux. Quand elle disparaît, on allume la lampe à pétrole. On fait de la fumée, pour chasser les moustiques : C'est de la toile de sac, humide, qui se consume dans une boîte de conserve vide. Le soir, on met la radio, ou bien on écoute la guitare ...

                                  *

       La mer monte. Elle descend. Le sens du courant s'inverse. Les blocs de corail émergent un peu plus, un peu moins, un peu plus. La plage se rétrécit, puis elle s'élargit.

      C'est au tout petit matin que les hommes vont chercher les noix de coco sur l'îlot voisin. La mère en râpera la pulpe. Elle est à califourchon sur son trépied. Elle a ramené son pareo entre ses cuisses. 

    Le déjeuner sera prêt avant ... avant que le temps ne s'arrête et ne s'étale ... 



                                    

    On ira s'asseoir sous le bourao. La parole est rare. Appuyées en arrière, le coude déboîté, les femmes, assises sur le sable roulent des cigarettes minces. Les hommes dorment. 

     Dans la maison s'empilent des coussins de couleurs chaudes. Une antique machine à coudre luit de son noir et de ses ors. Coquillages sur la table ... Coquilles encore, enfilées en colliers ou dressées en corolles, ou encore montées en suspensions ...

                                 *

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